Physiologie  et  entraînement :  le  demi  fond

Extraits tirés du livre de Véronique Billat

1 ° Les épreuves de moyenne durée comme le demi-fond

Il importe, au contraire du marathonien, que le demi-fondeur ne mobilise pas ses graisses mais plutôt ses glucides qui lui assureront un taux de renouvellement de l'ATP bien supérieur. Sur 3000 m (courus à 98% de VO2max ), le métabolisme anaérobie couvre 15-20% de la resynthèse d'ATP. Ainsi le glucose sera complètement oxydé dans le cycle de Krebs et la chaîne respiratoire mais, en plus, le flux glycolytique étant tellement important pour faire face à la demande d'énergie, du glycogène sera dégradé en acide lactique par réduction de l'acide pyruvique, permettant ainsi de fournir un coenzyme indispensable au déroulement de la glycolyse : la nicotine adénine dinucléotide (NAD) .

 

Le demi-fondeur a donc besoin de fibres musculaires rapides, notamment riches en enzyme phosphofructokinase (PFK), mais également de fibres lentes pour oxyder l'acide lactique produit. La consommation maximale d'oxygène est le principal facteur limitatif de la performance (mais non discriminant pour des coureurs de haut niveau, le coût énergétique pouvant davantage «faire la différence»). L'entraînement à des vitesses sollicitant la consommation maximale d'oxygène permet des adaptations cardiovasculaires et enzymatiques. Sachant que l'oxydation des lipides fournit moins d'ATP que celle des glucides, le coureur étant à sa consommation maximale d'oxygène sur un 3000 m n'a pas intérêt à utiliser les lipides qui feraient chuter sa vitesse de course.

À l'opposé du marathonien qui ne doit pas ingérer de glucides dans les 4 heures qui précèdent le départ de la course, afin de maintenir un taux d'insuline sanguin très bas pour éviter l'utilisation des glucides, le coureur de demi-fond pourra, au milieu de son échauffement qui dure environ 1 heure, ingérer un verre de boisson sucrée.

 

Pendant un exercice exhaustif de 4 à 6 minutes à 90%-100% de VOzmax, nous avons vu que les fibres rapides lla étaient dépléties en glycogène. Un régime enrichi en glucide permet également d'améliorer l'endurance de 36% (6,65 contre 4,87 minutes de  temps de maintien appelé le « temps limite ») lors d’un exercice sur vélo réalisé à 105% de VO2 max. Cependant, ces auteurs suggéraient davantage une augmentation des capacités «tampons» (capacités à neutraliser l'acidité) du muscle qu'une prévention de l'épuisement des réserves de glycogène qui n'apparaît pas dans un délai de temps d'exercice (même maximal) aussi court. De même, un exercice maximal de 6 secondes entraîne la resynthèse d'ATP de façon équivalente par la phosphocréatine et la glycolyse anaérobie (se déroulant dans le cytoplasme et induisant l'accumulation d'acide lactique). La disponibilité de glycogène n'est pas un facteur limitatif des performances de courte durée, ainsi qu'en témoigne la concentration de glycogène intramusculaire après un effort de course et de pédalage exhaustif de 6 secondes, 30 secondes et 120 secondes (à 110% de VO2max) (Boobis, 1987)